1951 : Un nouveau domaine est né

Sous l’impulsion de Gabriel Julliard, qui a déjà construit le télébenne de la Sétaz et plusieurs téléskis sur Valloire, la commune décide d’équiper le massif du Crêt Rond, qui jouit à cette époque d’un bonne position par rapport aux hameaux.
Un télébenne biplaces est alors construit, et ainsi, dès l’hiver 1951, les skieurs peuvent goûter aux joies du ski sur ce petit massif qui offre en plus un très bon ensoleillement et une magnifique vue sur toute la vallée.

La gare de départ du télébenne

Une benne du télébenne

L'ancienne arrivée avec le petit bar/restaurant

1970 : La modernisation

Dès le début, le succès ne se fait pas attendre, et les skieurs affluent. En même temps la station prend de l’importance et étend son domaine sur le Crey du Quart. Nous sommes au début des années 70. Le télébenne du Crêt Rond quant à lui devient vieux et ne débite plus assez, il est alors remplacé par la remontée phare de l’époque, le télésiège. Un magnifique télésiège monoplace est donc installé à la place du télébenne, en suivant exactement le même tracé.

La gare de départ

Années 80-90 : Baisse de popularité

Le plan des pistes du Crêt Rond : on voit bien le problème du massif : petit et excentré !

Puis les années passent, Valloire se relie à Valmeinier, grossit sur le hameau de Place (Valloire centre). Le Crey du Quart prend une importance capitale et devient le centre des investissements. Le domaine skiable se modernise et se développe alors sur ces deux massifs (Les Selles, Cornafond…). Et doucement, le Crêt Rond attire moins… il est trop petit, et trop excentré du reste du domaine.
Le manque de neige des années 90 ne va pas arranger les choses, et au fil des années, le télésiège ferme de plus en plus souvent, les pistes ne sont que très rarement damées, et les constructions qui fleurissent au pied du massif coupent parfois les pistes de ski, les rendant impraticables. Face à ces nombreux problèmes, la commune décide d’arrêter de damer les pistes. Le Crêt Rond sera dorénavant ouvert pour les skieurs hors pistes : une remontée mais aucune piste damée… Une sorte de petit paradis de la poudre. Mais il faut s’en douter, ce ne fut pas rentable, et le domaine du Crey Rond ne passera pas le 21e siècle… La commune décide d’arrêter son exploitation pour l’hiver 1999-2000 et le massif disparaît du plan des pistes… mais pas des esprits.

La gare de départ (2003)

La gare de départ (2003)

La ligne en été

2000 : L’UTN de l'espoir

Eté 2000, grâce au classement de la commune de Valloire en ZRR (Zone de Revitalisation Rurale), la station accueille des promoteurs qui construisent 3000 lits au pied du Crêt Rond sous forme de résidence de tourisme (les Chalets du Galibier). La station en profite pour déposer un dossier UTN (Unité Touristique Nouvelle) pour reconstruire le massif, l’agrandir (équipement du deuxième tronçon) et le relier au massif existant de la Sétaz par le Moulin Benjamin. Voici des extraits du bulletin municipal de l'époque:

Extrait des réunions du Conseil Municipal (Bulletin Municipal n°12, décembre 2000)

Extrait de l'éditorial du Bulletin Municipal (décembre 2001)

Extrait de la section "Régie Touristique" (Bulletin Municipal n°14, décembre 2001)

Résumé du projet sur fond de carte IGN

Inspection du massif pour le dossier UTN (été 2000)

Inspection du massif pour le dossier UTN (été 2000)

Dès l’année suivante, les travaux commencent. Les résidences des Chalets du Galibier se construisent, ainsi que le hameau du Serroz (nouvelle ZAC située également au pied du Crey Rond). Côté remontées méaniques, seul le télésiège du Moulin Benjamin est construit en 2002 après décision de la Régie Touristique (le télésiège débrayable du Crey Rond 1er tronçon qui aurait dû également être construit est reporté à l'année suivante)

Construction du télésiège du Moulin Benjamin

2002 : Désenchantement

Mais les résidences ne fleurissent pas qu’au pied du Crêt Rond, un deuxième pôle apparaît aux Charbonnières. En tout c’est plus de 5000 nouveaux lits qui sont créés en 3ans sur Valloire. Il faut alors faire vite, le domaine ne débite pas assez, et le télésiège du lac de la vieille sur le Crey du Quart est toujours saturé, tout comme le téléski de Pagoret. La régie Touristique change alors son programme d’investissement et fait passer le Crey du Quart avant le Crêt Rond : le télésiège de Brive 2 est créé, en dépit du télésiège débrayable du Crêt Rond.
Après quelques années où le Crey Rond a été repoussé d’années en années, il n'en est tout simplement plus question aujourd'hui. La priorité a été faite sur la restructuration du domaine existant.

Personnellement, comme beaucoup à Valloire, skier à nouveau sur le Crêt Rond est un rêve, mais d'un côté pratique, tout le monde s'accorde sur le choix de la commune : pourquoi réouvrir un domaine qui sera forcément déficitaire ? Qui ira traverser la route du Galibier pour skier sur 5 pistes, à part les vacanciers logeant dans la vallée des Verneys ? Equiper ce massif entraîne aussi l'obligation de l'enneiger artificiellement, ce qui est très onéreux, tout comme le pont skieur qui devra aussi être construit pour traverser la route sans déchausser. Bref, autant d'éléments qui font que le Crêt Rond s'est fait progressivement oublier !

L'urbanisation incessante de la Vallée du Galibier entre Valloire et les Verneys, au pied du Crey Rond

Mais alors, pourquoi la commune se pose encore la question de sa réouverture, quand on voit tous les inconvénients que cela pose ?
En réalité, les programmes immobiliers des Chalets du Galibier 1 et 2, au pied du Crêt Rond, ont été construits sous condition de réouverture du domaine. Or aujourd'hui il n'en est rien. Si les promotteurs tentent de faire pression, il n'en est rien et la commune s'oriente vers l'amélioration de l'existant plutôt que sur l'extension du domaine.

2005 : Plus une trace

Quant au vieux télésiège monoplace, la relique de la station, qui rouillait sur le massif depuis sa fermeture en 2000, il a été démonté durant l'été 2005. Cela faisait deux ans que la station en parlait. Après les sièges en 2004, la ligne a été démontée durant la semaine du 14 juillet, puis les pylônes ont été couchés au sol, avant d’être héliportés mardi 26 juillet.
Ainsi le Crey Rond a retrouvé son côté naturel, à l'exception de quelques panneaux de pistes qui trainent encore sur les pentes, rappelant au randonneur curieux l'existence de son age d'or.

La vieille gare de départ

le 3e pylône de la ligne, au croisement avec la route du Serroz

Un pylône encore debout, mais plus pour longtemps...

Vue d’ensemble de la gare d’arrivée avec les quelques jalons de pistes restants

La gare d’arrivée avec les pylônes couchés dessous

La roue d’arrivée et les cables ont été préalablement enlevés

le dernier pylône couché au sol

Un panneau d'indication

Conclusion

Pourrons nous donc un jour skier à nouveau sur le Crêt Rond ? Rien en tout cas n'est fait à Valloire dans ce sens. Certes le projet a été réalisé en partie (les résidences et le télésiège du Moulin Benjamin), et la vallée des Verneys s'est très urbanisée, mais ce n'est pas si simple de réouvrir ce petit bout de domaine, qui nécéssiterait des investissements colossaux en aménagement et neige de culture (20M€ à l'époque). La politique actuelle de la station est d'optimiser le domaine skiable existant en remplaçant les remontées mécaniques vétustes et en assurant la neige de culture sur les axes principaux, et cela est déjà une lourde tâche. Peut être qu'alors, après, le Crey Rond reviendra à la mode... Mais rien n'est moins sûr.

Le Crey Rond vu depuis le centre de Valloire (01/2009)